Lycee Pontarcher

Rencontre avec David Sala


[Article écrit avec les élèves de 1AGORA]

Mercredi 1er mars, nous, élèves de 1AGORA, avons eu la chance de rencontrer David Sala, l’auteur et dessinateur de la Bande dessinée Le Poids des Héros au lycée des Haberges dans le cadre de l’Échappée Littéraire.

Auparavant, nous avons préparé cette rencontre de différentes manières : chaque élève a d’abord lu la BD de manière personnelle, puis en arts appliqués, nous avons produit des maquettes 3D mettant en scènes des passages de la BD.

En Français et au CDI, nous avons, selon trois axes, étudié qui sont les héros du récit, comment est montrée l’enfance dans la bande dessinée, et devenir adulte : transcrire et transmettre le récit de ses aïeux.

Une rencontre apportant des clés de compréhension supplémentaires

Lors de la rencontre, nous avons d’abord présenté nos maquettes à David Sala qui s’est montré très agréable et sympathique. Il nous a ensuite donné des clés de lecture que nous n’avions pas perçues. On a notamment appris lors de notre échange que les héros ne sont pas seulement les deux grands-pères, il y a aussi sa maman qui l’a sauvé de la cécité (perte de la vue) dans l’enfance, en contraignant un médecin spécialiste d’examiner son fils de toute urgence.

Nous avons trouvé émouvante la façon dont David Sala évoquait les souvenirs de son enfance (notamment le traumatisme du crime raciste de son ami Achour).

Au cours de la rencontre, David Sala nous a expliqué que, par cette bande dessinée qu’il a mis pratiquement 3 ans à composer, son intention était de retrouver l’esprit de ses années d’enfance, son histoire et celles de ses grands parents à la fois pour s’en débarrasser et les transmettre. Cependant, à notre surprise, sa fille de 15 ans ne l’a toujours pas lue ! Et David Sala a exprimé une certaine amertume lors de la rencontre car son espoir personnel et politique (faire connaître et évoquer les horreurs du passé pour que plus jamais elles ne se reproduisent) lui semble démenti aujourd’hui par l’actualité.

Des techniques graphiques multiples

Pendant la rencontre, David Sala nous a présenté sa manière de travailler et de construire une bande-dessinée. Il nous a montré sur tablette le storyboard du Poids des Héros avec, à gauche le texte (dialogues et didascalies) et à droite des esquisses et croquis en noir et blanc.

Nous avons ensuite pu admirer sur grands formats différentes planches ou dessins rentrant dans la composition de la BD où de très nombreuses techniques ont été utilisées : encre de chine, lavis, peinture à l’huile, aquarelle, crayonnage, gouache… La particularité de David Sala étant de réaliser tout lui-même : texte, illustrations, couleurs, ce qui n’est pas le cas de tous les auteurs de BD. Il a également un rapport particulier et frappant aux couleurs (voir les couleurs « atrocement belles » et flashies utilisées dans l’évocation des camps de concentration, à contre-courant du noir et blanc convenu).

Un rapport à l’École compliqué

Lors de l’évocation de son parcours de formation, David Sala a tenu des propos très critiques sur l’École.  Enfant, David avait un regard atypique et l’école ne savait pas trop quoi faire de lui : il ne rentrait pas dans les cases prévues pour trouver une place dans la société ! Il aimait juste retrouver ses copains à l’école !

Il n’a donc pas eu son bac, mais a quand même travaillé dur pendant ses années d’école d’Arts où il était toujours assez contestataire. D’après lui, la différence entre un bon dessinateur et un autre, c’est le travail et pas forcément le talent. Il a conquis sa liberté et nous a conseillé d’aller au plus juste pour soi.

Être auteur de BD ?

Cela dit, il est difficile de gagner sa vie comme auteur-dessinateur car c’est lui qui touche le moins sur la vente des exemplaires de ses livres.

S’il vit plutôt bien grâce aux avances sur droit d’auteur, ce n’est pas le cas de la majorité des auteurs qui ont souvent un deuxième métier à côté. Son secret, c’est de n’avoir jamais eu de plan B. Un métier artistique est un métier de danger selon lui, on ne peut y aller de manière tiède. C’est pourquoi il y met toute son énergie et son enthousiasme, et nous a conseillé d’en faire autant, Notamment à Shun qui lui a présenté son carnet de dessin lors de la séance finale de dédicace.

Une rencontre venant clôturer en beauté un riche travail préparatoire