Ce vendredi 29 novembre, les élèves de 2GATL ont rejoint des lycéens du lycée des Haberges dans leur CDI pour une rencontre commune avec l’autrice journaliste et photo-reportrice Emilienne Malfatto, dans le cadre du Festival littéraire itinérant des Petites Fugues organisé par l’Agence Livre et Lecture de Bourgogne Franche-Comté.
Depuis la rentrée, cette rencontre littéraire a été préparée par les élèves au CDI avec Madame Princet, leur enseignante de Français et Madame Dupré, leur professeure documentaliste. Les élèves ont mené une lecture et une étude approfondie du livre Que sur toi se lamente le Tigre, pour lequel Emilienne Malfatto a reçu le Prix Goncourt du premier roman.
Les élèves ont également réécrit deux chapitres de l’ouvrage, pour proposer une version moins tragique du récit qui évoque la condamnation à mort par sa famille d’une jeune fille en Irak, pour être tombée enceinte hors mariage. Les élèves ont proposé d’énoncer plutôt un message d’espoir par la bouche de deux personnages (la mère et le petit frère), souhaitant déjouer le crime d’honneur condamnant cette jeune femme.
C’est par cette lecture offerte à l’autrice qu’a commencé la rencontre, après la présentation de la classe par Luna : Noémie a lu le chapitre de la mère, Maxime celui du frère. Les lycéens de Terminale en spécialité HLP ont également, par des lectures théâtralisées, donné voix au père de la narratrice et lu de manière éloquente et brillante plusieurs extraits du récit.
Emilienne Malfatto, s’est prêtée avec beaucoup d’enthousiasme et de sincérité au jeu de questions et de réponses, nos élèves de seconde professionnelle participant activement malgré la présence intimidante des plus grands, et d’une classe entière de première présentant l’œuvre au bac, puisqu’elle en est au programme.
La rencontre a permis d’aborder la genèse du livre, son sujet, le contexte géopolitique de l’Irak, le rapport à l’écriture très impulsif de cette jeune écrivaine, mais aussi son métier premier de journaliste, et notamment de journaliste de guerre : ses études, sa formation de terrain à l’AFP, ses missions de photoreporter pour le New-York Times et le Washington Post, dont ses photos ont fait la une, son parcours où se mêlent vie professionnelle et vie privée, ce qui lui permet d’avoir une vision fine et complexe des sujets qu’elle aborde, de l’intérieur.
Ainsi, la multiplication des points de vue dans le roman, permet d’éviter une vision manichéenne et au contraire de montrer que tous les personnages sont victimes d’avoir intégré les normes d’un système social violent, qu’ils ne questionnent pas.
Emilienne Malfatto, en évoquant son statut de femme journaliste en terrain de guerre, maîtrisant pas moins de 6 langues dont l’arabe et le perse (elle a pu ainsi échanger avec Ali dans sa langue natale), nous a également permis d’en apprendre plus sur le fonctionnement de la presse, des agences de presse, le statut d’envoyé spécial ou de photoreporter free-lance, la dureté et les traumas engendrés par le métier. Métier exaltant, très excitant, mais dans un milieu parfois maltraitant (sans loyauté réciproque), qui peut aussi calciner.
A une élève lui demandant « comment ça va, après tout ce que vous avez vécu ? », Emilienne sourit : « Merci ! Ça va parce que j’ai fait ce qu’il faut pour que ça aille : j’ai pris la décision en conscience d’arrêter de couvrir des conflits, car c’est comme une addiction, ça peut détruire à force d’hypervigilance (le bruit des avions), de difficulté à dormir. J’ai eu la chance de pouvoir débriefer sur le terrain avec des amis locaux proches et j’ai aussi aujourd’hui l’instinct d’aller chercher des choses où se trouvent beaucoup de vie ».
La lecture et l’écriture participent de cet instinct de vie. La lecture de poésie, mais aussi de romans et de bandes-dessinées : « C’est bien qu’il puisse y avoir Gaston Lagaffe à côté d’Aragon : j’aime l’éclectisme ! ».
Les seuls vrais conseils qu’Emilienne Malfatto donne pour prendre des photos, c’est de regarder des photos, et pour écrire, c’est de lire ! Lire et lâcher une forme de bride aussi. Son processus personnel est de ne pas être trop dans le contrôle. C’est en même temps une histoire de concentration et d’absence. En tout cas, pour elle qui s’interrogeait beaucoup sur notre système scolaire, voir son livre inscrit aux programmes de Lettres du bac, l’a estomaquée autant que flattée, alors que le Goncourt avait déjà été sidérant, pour « un tout petit bouquin publié chez un tout petit éditeur ».
Une reconnaissance méritée pour cette autrice généreuse, qui a signé de multiples dédicaces à la fin de la rencontre, autour d’une collation offerte par le lycée que nous remercions. Merci également aux enseignants organisateurs de ce beau moment, qui nous ont laissé une place parmi eux : Madame Cornument, Madame Claude et Monsieur Rossé. Enfin merci à l’Agence Livre et Lecture, représentée ce jour par Géraldine Faivre, sans laquelle ce beau cadeau qu’est ce festival n’existerait pas.
Enfin, félicitations à nos élèves qui ont embarqué en littérature avec enthousiasme et se sont engagés pleinement dans le projet !
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