C’est avec surprise que les élèves de 1MAMCVB ont vu surgir par la fenêtre deux hurluberlus alors que devait commencer la présentation d’une petite forme théâtrale de Richard III de William Shakespeare, proposée par Côté Cour dans le cadre du dispositif académique « Lycéens au Spectacle vivant » au sein même de leur salle de classe, ce jeudi 16 janvier.
Contre toute attente, il s’agissait de Léonard et Anthony, les deux comédiens du Collectif IDEM venus présenter trois variations de la scène 2 de l’Acte I de Richard III au lycée.
Ces 3 mises en scène du même texte ont été enchaînées avec une énergie décoiffante, les acteurs adoptant successivement et parfois en même temps, les deux rôles de Lady Anne et Richard III.
La première version, très grandiloquente, voire caricaturale, forçait la dimension hideuse et boiteuse de Richard III, en prenant à partie le public par des mimiques marquées, tandis que la version 2 s’offrait comme une pièce plus intimiste (lumière tamisée, paroles chuchotées, jeu plus intériorisé) et tragique, si ce n’est cette pointe d’humour de s’injecter devant le public du sérum physiologique dans les yeux en guise de fausses larmes !
La variation 3 nous a montré l’extraordinaire palette de présence scénique des comédiens, alternant playback, version rap du texte classique, chorégraphie, hip-hop ! Un engagement physique impressionnant et inattendu pour une pièce de Shakespeare !
Lors de l’échange qui a suivi, les élèves ont unanimement dit combien ce moment leur avait plu et surtout leur surprise devant les partis pris scéniques proposés. Les élèves s’attendaient à une mise en scène plus calme et posée !
Il faut dire que dans la première version, Richard III est vraiment présenté comme un grand manipulateur, véritablement malade mental. La version 2, plus réaliste et sentimentale, adopte davantage les codes du cinéma (avec la présence du 4e mur). Enfin la version 3, plus dynamique et chronométrée, est moins centrée sur la narration. Elle est paradoxalement moins difficile à jouer d’après les comédiens car il y a plus de lâcher prise : les répétitions ont stabilisé un rythme intérieur, inscrit dans le corps. Cette version est plus performative, le texte classique devient un prétexte pour aller vers du théâtre contemporain « free style » !
Les élèves ont interrogé les comédiens sur leur travail en répétition qui n’a duré qu’une dizaine de jour en présence de la metteuse en scène, ainsi que sur leur manière d’apprendre leur texte. Les artistes ont donné deux conseils précieux aux élèves pour leurs apprentissages : ne pas perdre de temps à se juger, apprendre un petit peu chaque jour plutôt que de vouloir tout apprendre d’un coup, pour une meilleure consolidation.
Les comédiens ont également interrogé en retour les élèves sur leur version préférée (majoritairement la 1) et sur leur éventuelle gêne face au fait que les deux rôles soient joués par des garçons. Mais les élèves non seulement n’en ont pas été du tout choqués, mais certains avaient même connaissance de cette pratique habituelle et historique du théâtre élisabéthain. D’ailleurs, il s’agissait aussi d’un parti pris réfléchi par la metteuse en scène, Aline Reviriaud qui, ainsi, voulait ne pas alimenter l’imaginaire de la violence homme/femme, mais au contraire souligner que la violence peut s’exprimer quel que soit le genre.
Après avoir évoqué les parcours de formation et professionnels d’Anthony Devaux et de Léonard Lesage, la rencontre s’est terminée par ces félicitations exprimées par Thomas, devant le fait qu’ils vivent de leur métier artistique : « Bravo, c’est beau à voir ! ».
Les élèves se préparent désormais à exprimer à leur tour leurs talents lors de l’atelier qui se tiendra mardi 21 janvier avec l’intervenante professionnelle Catherine Clerc, qui viendra leur prodiguer des conseils. Une nouvelle composante de ce programme fort complet, proposé et financé par la Région Bourgogne Franche-Comté !
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